jeudi 29 avril 2010
Non au Superama!
Plus près de la résidence que le Superama, il y a le marché. Nous aimons les marchés. Qu'il est bon, l'été, d'aller chercher quelques légumes frais au marché Jean-Talon à Montréal ou à celui du Vieux-Port à Québec. Que nous sommes heureux de nous procurer des produits de saisons, locaux, et ce, dans une ambiance d'antan, presque exotique.
Aussi, avais-je pris l'habitude d'acheter quelques fruits et légumes au marché et de me procurer le reste au Superama, répétant à cela mes habitudes (et modèle) de chez moi. J'en arrive enfin au peut laïus politico-environnemental auquel je voulais en venir: alors que le supermarché moderne est le lieu suprême du suremballage, le marché est celui du vrac; le supermarché moderne fait partie d'une chaîne qui fait voyager - parfois inutilement - les produits sur des centaines, voire des milliers de kilomètres, le marché offre des produits locaux; le supermarché moderne fait partie d'un système multipliant les intermédiaires entre le producteur et l'acheteur, au marché moins d'intermédiaires; etc. (voire le site http://storyofstuff.org/ pour une info amusante sur ledit système).
Aujourd'hui, j'ai constaté de visu que l'étendu des produits offerts au marché est aussi large, sinon plus (il y a des bicyclettes au marché près de la résidence) qu'au supermarché. En plus, c'est mois cher.
La dernière barrière psychologique: la viande. Les comptoirs de viandes des marché mexicains ont tendance à choquer, voire à dégouter les nordiques dont je suis. Hier, avec mes compagnons de résidence nous nous sommes posé cette question: est-il possible de développer une endurance à la viande avariée? Non? Dans ce cas, la viande du marché ne l'est pas. Une bonne part du système dont fait partie les supermarchés fonctionne grâce à un régime de peur. Les «Attention aux microbes! Ils sont partout! Achetez notre savon anti-microbes!» et autres discours du genre nous ont conditionnés. Aujourd'hui j'ai fait tous mes achats au marché, y compris quatre superbes filets de bœuf! Et je suis content!
Bon, chez moi en hiver, c'est pas si évident d'aller au marché du coin vu qu'il n'y en a pas. Pas si évident non plus de faire toutes ses emplettes chez les petits marchands: celui de fruits et légumes, le boucher, le poissonnier, etc. Et plus cher aussi (mais de bien meilleure qualité!). Ce que nous pouvons faire par contre, c'est essayer d'acheter plus local et militer pour des produits en vrac!
Voilà, c'était ma minute politique. Je promets de ne pas recommencer.
Les artistes avec qui je suis en résidence (ajout et rappel)
http://www.kathrinkur.com/
Elle nous arrive de Londre, mais elle est Allemande. Photographe, vidéaste, artiste, elle a qualifié Mexico de mine d'or et elle a raison. Elle n'a pas de projet précis, elle attend que celui-ci lui soit dicté par la mégapole.
• Catherine Bodmer, artiste
www.catherinebodmer.com/
Après avoir pris une pause, une distance, elle travaille maintenant à redéfinir son projet qui en est un photographique.
• Pierre Dalpé, photographe
http://pierredalpe.com/
Je ne pense pas que Pierre me dédierait si je le qualifiais de portraitiste. Pierre visite les théâtres, rencontre les acteurs, prend des photos backstage, puis prend rendez-vous pour des sessions ultérieures de prises de photo.
• Alain Fournier, cinéaste
(plein de documentaires qu'on trouve sur Youtube)
Alain est ici pour écrire le scénario de son premier long métrage. Comme l'histoire qu'il a en tête se déroule au Mexique, cette résidence était tout à fait appropriée. Il a parallèlement réalisé une série de documentaires, portraits, sur des gens rencontrés ici.
mardi 27 avril 2010
Moi aussi je peux faire des photos de touriste comme tout le monde
Encore l'atelier mécanique sur roues
Des photos mentales
Nous primes un micro-bus (on désigne ainsi ces véhicules gérés par des «coopératives de voyons» [ainsi me les a-t-on désignés], chacun est décoré aux goûts de son chauffeur et il y met la musique qu'il veut) jusqu'à ce qui fut auparavant un village, mais qui s'est aujourd'hui fait avalé par la ville, tentaculaire, véritable blob, de Mexico. Du cœur du village, nous avons marché jusqu'à l'entrée du parc de «los Dynamos». C'est qu'il y coule une rivière (plutôt un ruisseau) et qu'en 1897 on y installa quatre turbines qui fournit de l'électricité aux entreprises de la vallée (pas aux habitations qui devront attendre une cinquantaine d'années supplémentaires). La rivière coule en cascades dans un canyon. Nous marchons à sa gauche. À sa droite se dresse, très haute, une montage en forme de lame. Elle s'avance le long de la rivière en se déclinant doucement vers le village, nous présentant une face très escarpée. Quelques arbres garnissent sa crête. J'ai pris, en clignant des yeux, des photos mentales que je peine ici à vous décrire. Nous nous sommes rendus à la seconde dynamo où des échoppes servent de la truite. Temps écoulé entre l'état vivant et l'état repas: 4 minutes. Puis nous avons enfilé un sentier qui montait encore, mais le soleil déclinant nous a forcé à rebrousser chemin. Végétations: beaucoup de pins et même des sapins, des cèdres aussi, partageant l'espace avec des feuillus.
Mexico se trouve à 1800 mètres d'altitudes. À quelle altitudes étions-nous? Je pourrais faire la recherche, mais je suis las.
lundi 26 avril 2010
samedi 24 avril 2010
Ce que je fais à Mexico
Le Désert mauve n’est plus vraiment pour moi un roman, c’est une matrice. Matrice – mot féminin faisant référence à la mère, la procréatrice contenant tout – est un mot qui définit particulièrement bien l’œuvre de Nicole Brossard. Poète plus connue comme féministe que comme femme de lettres.
Au premier abord, Le Désert mauve se présente comme un roman (qu’on a qualifié de postmoderne à cause de sa structure) sur la traduction. Bien que morcelé et modulaire, sa structure est symétrique : un roman dans le roman écrit par une auteure fictive et la traduction du français au français par une traductrice tout aussi fictive ouvrent et concluent l’œuvre. Entre les deux, les pensées de la traductrice, puis les exercices qu’elle effectue pour s’accaparer l’univers romanesque du Désert mauve. Voici comment ça se présente :
_Le Désert mauve de Laure Angstelle
___Un livre à traduire
_____Lieux et objets
_____Personnages
_____Scènes
_____Dimensions
___Un livre à traduire (suite)
_Mauve, l’horizon de Laure Angstelle traduit par Maude Laures
Mais avant sa structure, et même avant le thème de la traduction, c’est la soif de vie de Mélanie, personnage principal de l’œuvre, et le questionnement sur la perception et la réalité, enfin bref, la force poétique du texte qui m’ont fortement frappé à la première lecture.
Le Désert mauve comme matrice.
Depuis longtemps maintenant que je veux réaliser un film expérimental à partir des éléments centraux du Désert mauve, c’est-à-dire les exercices de la traductrice qui décrit les lieux et objets appartenant à l’univers de ces personnages évoluant en Arizona, dans le désert. Elle décrit également ces derniers, imagine des dialogues entre eux, puis s’attaquent aux grands thèmes de l’œuvre : l’aube, la beauté, la peur, la civilisation, etc.
Puis, ce projet s’est de lui-même mis de côté. J’en ai réalisé d’autres : un court métrage, Projections, à partir d’un recueil de nouvelles d’Andrée A. Michaud, une suite poétique intitulé Fade out, texte de rupture basé sur une photo de mon ex-femme prise un samedi matin devant la fenêtre de la chambre.
Aujourd’hui j’en suis à poursuivre une réflexion, des questionnements sur la réalité, la fiction, la perception et la mémoire qui ont été (en partie du moins) semés dans mon esprit par ma première lecture du Désert mauve. Une réflexion que j’ai poursuivi à travers mes autres projets, Projections et Fade out, et qui trouve ici une nouvelle déclinaison.
J’écris un livre de poésie. À travers cette écriture je poursuis et questionne l’image mentale que je me suis faite de Mélanie, personnage central du Désert mauve.
Avec Fade out, j’ai écrit sur la dérive d’une image, sur ce qui reste quand son objet disparaît (quand ma femme est partie), sur les transformations que font subir la perception, puis la mémoire. J’ai écrit sur l’image d’une personne que j’ai connue. Aujourd’hui, je connais mieux cette image que la femme qu’elle représentait.
Avec Mélanie (pour l’instant, c’est le titre de mon projet), je veux continuer la réflexion entamée dans Fade out, mais sans la femme de la photo. Un personnage de fiction prend sa place. Le fait que l'une soit de chair et l'autre de papier sera aussi matière à écriture.
Exactement au milieu du roman de Brossard, on retrouve la reproduction d’un dossier contenant des photos. Ce dossier se trouve exactement au milieu de la section « Personnages » et remplace la description textuelle de « l’homme long », seul représentant du genre masculin du récit. De même, je veux que ma quête du personnage de Mélanie (et de ceux qui lui sont proches) passe du textuel à l’image. Je veux qu’au beau milieu de mon projet, je cesse de me référer au livre de Brossard pour me référer désormais 1) à une expérience artistique ; 2) à une série d’images nouvelles représentant ma (notre) vision de ces personnages. Je veux que la quête passe du virtuel au matériel. Qu’on cherche dans la réalité palpable de Mexico une Mélanie possible, une Grazie possible et une Angela Parkins possible et qu’on mette en scène les images qui seront capturées en photographie.
Je veux donc organiser de sessions de prises de photo un peu comme on le ferait d’un tournage de cinéma : casting, repérage de lieux, réalisateur, directeur photo, directeur artistique, coordination générale. Je veux impliquer d’autres gens, des gens d’ici, de Mexico, pour donner de l’air au projet, y faire entrer des idées nouvelles, me bousculer vers des avenues que je n’aurais pas envisager autrement. Je veux cesser de ressasser la même image mentale, que celle-ci soit à son tour perçue, décodée, ré-interprétée par des tiers, mais aussi par la force transformatrice de la réalité : modèle qui, forcément, ne sera pas conforme à l’image que je me fais de Mélanie, son apparence physique, mais aussi sa personnalité teinteront le personnage, etc.
jeudi 22 avril 2010
La magie de la chimie
Quand je fais de la mayonnaise, je suis toujours hyperimpressionné par la façon dont ces ingrédients de couleurs et de textures différentes (œuf, huile, citron, moutarde et d'autres selon votre goût) se combinent et réagissent ensemble pour faire une mayonnaise de couleur et de texture (entre crème et pâte) uniforme. Je suis toujours super fier de ma mayonnaise, je la montre à tout le monde, la fait goûter et, quand je l'intègre dans une recette, cette même fierté me fait en mettre trop.
C'est dégueulasse une salade de pâtes avec trop de mayonnaise, fut-elle maison.
mercredi 21 avril 2010
Histoire de la Mercury Meteor
Vers quelle époque se situe le récit du Désert mauve? Kathy Kerouac, la mère de Mélanie, possède une Mercury Meteor. Mercury, une division de Ford Motors, a manufacturé la Meteor de mille neuf cent soixante-et-un à mille neuf cent soixante-trois.
Deux générations de Meteor, l’histoire d’une (légère) déchéance.
C’était la volonté d’un homme. Son échec.
Mercury, qui était alors considéré comme une marque de seconde zone proposant des produits moyen de gamme, devait prendre du galon.
C’était la volonté d’Ernest Breech. Mercury, une division de Ford Motors, serait au niveau des
Buyck
Oldsmobile
Chrysler
DeSoto
Mise en application du plan : mille neuf cent soixante, sortie du modèle : un an plus tard.
***
La première génération de la voiture était assemblée à Los Angeles, Californie, Mahwah, New Jersey, Saint-Louis, Missouri et Wayne, Michigan.
Grosse voiture.
Deux ou quatre portes. Deux ou trois vitesses, une quatrième (overdrive) en option.
De deux à six feux arrière, soit trois de chaque côté pour le modèle supérieur.
Meteor 600
Meteor 800
Monterey haut de ligne (qui auparavant était d’entrée de gamme)
Six cylindres penchées, un barril, cent trente-cinq chevaux vapeurs (ne devraient-on pas dire chevaux-pétrole?). Différents volumes de huit cylindres sont aussi offerts, tous disposés en V, le plus puissant trois cent quatre-vingt-dix pouces cubes de volume développant trois cent trente chevaux vapeurs, soit deux cent cinquante kilowatt.
***
Deuxième génération, mille neuf cent soixante-deux et soixante-trois :
est assemblée à Dearborn, Michigan et Kansas City, Missouri
Perd une taille, passe de grand à moyen format.
Breech rabroué.
Deux ou quatre portes
Deux ou quatre vitesses, automatique ou manuel
Six ou huit cylindres allant de cent soixante-dix à deux cent soixante pouces cubes de cylindrée
***
Généalogie de la Meteor :
Héritière spirituelle de la Medalist, mille neuf cent cinquante-six
Sœur d’adoption de la Monterey
Ford Fairlane a partagé son châssis avec la Meteor en mille neuf cent soixante-deux, version élargie de celui de la
Ford Falcon
Mille neuf cent soixante-quatre et soixante-cinq, pas de modèle moyen offert par Mercury, la Ford Comet occupe le créneau.
Mille neuf cent soixante-six, le nom « Comet » passe de Ford à Mercury.
En pratique, la même voiture.
***
Mais ces informations ne situent pas nécessairement le déroulement du récit à cette époque. Au nord en hiver, le sel vient du sol. Au bord de la mer, le sel est porté par les vents marins. Les carrosseries se corrodent rapidement par le dessous ou le dessus. Dans le désert de l’Arizona, pas de sel. Le voitures conservent longtemps leurs airs de jeunesse, longtemps les pare chocs chromés reflètent-ils les bandes blanches et jaunes de la route.
Je dis que Kathy Kerouac possède une vieille voiture.
À partir de quand une vielle voiture devient-elle une voiture de collection? Aujourd’hui, si on tape «Mercury Meteor» dans Google on trouve, outre un lien Wikipedia, une page consacrée aux propriétaires de ce modèle. Or, l’époque de Mélanie en est une où ce type de voiture ne fait pas l’objet de collections.
***
Autre indice, la télévision de Kathy Kerouac (Mélanie, étant en partie sans âge, ne nous fournit aucun indice temporel). Meuble imposant au vernis écaillé. Au dessus cerné par les verres qu’on y a déposés. Trônant au centre de la pièce, il oblige les occupants de ces trois chambres d’hôtels convertis en appartement à des manœuvres du bassin pour éviter le choc. En mille neuf cent quatre-vingt-trois, mon grand-père en décédant nous léguait une télévision semblable. Le modèle datait de la fin des années soixante-dix. L’écran bombé était serti dans un meuble de trois fois sa taille moulé dans une matière indéfinissable imitant le bois. De chaque côté de l’écran, des colonnes comme sculptées à même le meuble en semblait soutenir le plateau. Ce fut la télévision familiale jusqu’au début des années quatre-vingt-dix.
***
Les objets ont plusieurs vies, peuvent en avoir plusieurs.
Des cycles qui varient, raccourcissent, selon le lieu, l’époque, la culture.
Les temps relatif des objets.
Les pièces s’usent moins vite que le désir
de possession
utilité / contenu / service /
image de soi projetée
position sociale et intime
La matière forcée, travaillée, moulée en pièces, fonctions mécaniques / logique
Cohérence d’un ensemble assurant son fonctionnement.
Logique plaquée sur un autre, plus large,
qui finit toujours pas prévaloir.
…mais aujourd’hui on usine le désir et rien ne s’use plus vite que ce nouveau produit de consommation.
Dans l’univers de Mélanie – qui est une fiction – le désir est orienté vers la matière brute, organique, sensible et vivante
ou alors vers des objets d’une telle simplicité qu’ils ne cessent jamais de fonctionner.
Le revolver.
Le revolver est toujours chargé.
Le désert ou la fiction est ici un abri contre les désirs manufacturés, les objets qui s’usent plus vite que leur matière.
***
En mille neuf cent quatre-vingt, la Meteor aurait entre dix-sept et dix-neuf ans et la télévision autour de cinq (le temps que le vernis s’écaille et que les cernes se forment). Cela est plausible. Cela situe le déroulement du récit, de l’histoire.
Au Canada c’est une autre affaire. Pour le marché canadien, la Meteor est toujours restée une grande voiture. On l’a manufacturée et vendue comme telle jusqu’en mille neuf cent soixante-seize. L’auteure du Désert mauve étant Canadienne, il est possible qu’elle aie mis entre les mains habiles de Mélanie un modèle canadien de Mercury Meteor. La voiture pourrait alors être aussi récente que mille neuf cent soixante-seize. Si Mélanie est écrite au volant d’une Meteor canadienne, alors le récit peut se dérouler plus tard dans les années quatre-vingt. J’aime cette idée d’une incohérence, d’un personnage du sud des Etats-Unis au volant d’un modèle canadien de voiture. S’il en est ainsi, c’est une grande voiture, la Meteor canadienne étant toujours resté celle de mille neuf cent soixante et un.
Accessoirement, cela rapprocherait le contenu du récit du moment de son écriture.
mardi 20 avril 2010
Créer ses rituels de création
Le film met en scène huit jeunes gens en un huis clos: une maison de campagne isolée. Ils semblent s'adonner à un jeu dont les règles ne nous sont pas expliquées. Elena est visiblement la maîtresse du jeu. On comprend petit à petit que pour elle, il s'agit d'une démarche de création artistique - elle écrirait un livre - et qu'elle se sert de ses compagnons pour servir son entreprise.
Quel différence y a-t-il entre rituel et jeu? Dans ce cas-ci, le jeu est rituel de création. Personne ne met en cause ni le sérieux de l'entreprise ni l'autorité d'Elena (elle semble d'ailleurs la seule à être autoriser à embrasser qui elle veut quand elle veut). Parlant de baisers, le groupe vit dans une grande proximité. Une seule pièce où sont entassés plusieurs lit sert de chambre à coucher. Le groupe vit dans une constante tension sexuelle, une tension un peu molle cependant, relaxe.
La création est basée sur un thème, la généalogie d'Elena, et pointe vers une personne, JMR (initiales d'un artiste peintre mystérieux). Seule Elena connaît les règles qu'elle dicte à mesure. Elle n'adopte pas la même attitude que les autres membres du groupe qui semble plutôt se croire dans une sorte de retraite hippie, elle est sérieuse, à l'écart.
Le film est modulaire. Les parties sont séparées par des cartons les titrant ou donnant à lire de longs textes (pour les standards du carton au cinéma). Le regardeur doit (re)composer la dynamique du groupe, (ré)inventer le jeu, décoder le rituel.
J'ai beaucoup aimé et suis impressionné par l'égocentrisme (je ne sais trop s'il ne s'agit pas plutôt d'égoïsme) de cette entreprise. Aussi, cela me fait réfléchir sur le besoin de rituels. Si les motivations d'Elena sont claires (du moins pour moi), celles des membres de son groupe le sont moins. À un moment du film, le groupe entr'aperçoit sa fin: quand Elena aura amassé le matériel dont elle a besoin, elle s'en ira et le groupe sera dissout. Or - et même si le groupe commençait déjà à se disloquer -, les trois filles et quatre garçons craignent cette fin et luttent contre elle.
Je voudrais moi aussi créer des rituels de création. Ici à Mexico. Impliquer des tiers, les utiliser comme outils, comme extracteur de matériel signifiant. Je voudrais retrouver le sens sacré de la création, de ce qu'elle a de fondamentale et nécessaire. De rassembleur aussi, même s'il ne s'agit, comme ici, que d'un petit groupe de personnes.
lundi 19 avril 2010
Se promener / École de police
Jusqu'à maintenant je sors très peu de mon quartier (remarquez que déjà j'emploie le déterminant possessif), Coyoácan. Le réseau des rues que j'emprunte s'élargit lentement. Un de mes compagnons de résidence aura fait presque le tour du pays en quatre mois. Encore aujourd'hui, il part pour deux semaines dans le Yucatán. Il fera un crochet par Oaxaca, ira trois jours à la mer.
École de police
Mitraillettes de petits formats, 35-40 cm, portées en bandoulière. N'apprennent-ils pas à l'école de police qu'il faut pointer l'arme vers le sol? Combien de fois en me promenant ai-je échangé un regard, les yeux dans l'œil, avec la mitraillette d'un policier que je croisais?
vendredi 16 avril 2010
jeudi 15 avril 2010
Seconde session de tourisme
Continuant ma déambulation - lente car je dois contourner les piétons, les commerçant installés sur les trottoirs, leurs clients, les policiers (il y en a des dizaines) - soudain ça me frappe: qu'est-ce que ça change qui perd ou gagne? Les marchands vendent leurs produits à la criée. Les cultures sont influençables comme un pré-adolescent de onze ans qu'on convainc de s'allumer sa première cigarette.
Au détour d'une rue j'aperçois l'enseigne d'un cinéma. Cine Venus. Je m'approche et me rends compte qu'on n'y projette que des films porno. Je n'ai plus un sous en poche, mais je me promets d'y retourner. J'ai raté l'occasion ethnologique de visiter le Cinéma Midi-Minuit, rue Saint-Joseph à Québec (devenu l'Impérial, allez voir sur Wikipedia), je vais me reprendre ici, à Mexico!
Je retournerai au centre pour photographier les façades des édifices histoire de remettre quelques images sur ce blog.
mercredi 14 avril 2010
Une quasie expérience du théâtre mexicain
J'arrive un peu tôt. Il est 19h15. La pièce n'est qu'à 20h. Il y a un restaurant attenant. Il est vide. Je m'assois, prend une bière. Commence à écrire ce que vous lisez. C'est que j'étais sorti sans livre en me disant que j'allais au centre pour enregistrer les orgues de barberie qui faussent (épique! certains de ces instruments datent de 1810 et sont entretenus par des gens qui n'ont pas forcément l'oreille musicale) et que je rentrerais immédiatement. Le fait que je sois (temps présent parce que je transcris mes notes d'hier) à une table de restaurant vide à attendre qu'il soit l'heure prouve qu'il faut TOUJOURS avoir un livre avec soi. Bon, à la place j'écris tout ce qui me passe par la tête, c'est pas plus mal.
(Julia, à cet endroit du texte, il y a pour toi un aparté sur notre blog privé)
19h45, j'ai fini ma bière. Je vais acheter mon billet. Je discute avec la guichetière. Je remarque que derrière elle se trouve la grande Mexicaine à la robe chinoise. La guichetière m'explique que c'est le théâtre qui est appuyé par la fondation Québec (hein?!), que ce théâtre, dirigé par un Français du nom de Boris Schoemann, monte beaucoup de textes québécois. Voilà le mystère résolu même si cette résolution soulève d'autres questions. Billet en poche, j'attends toujours qu'il soit l'heure. L'heure venue, la guichetière vient m'annoncer que la pièce est annulée puisque je suis le seul représentant de la gent «public» ce soir-là. Je retourne à ma chambre. Je ne regarde pas de film téléchargé (mais j'en télécharge un pour le lendemain), je termine Sous le ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis.
mardi 13 avril 2010
Ma journée de tourisme de la semaine
Cette histoire est sympathique, mais ce n'est pas ce qui m'a impressionné le plus de cette place, une des plus grande au monde. Ce qui me jette sur le cul (j'en avais entendu parler, mais de le voir c'est autre chose), c'est que la place s'enfonce. Vers 1850 on commence à pomper l'eau sous la place. Résultat, la cathédrale s'enfonce dans le sol un peu plus à chaque année. À l'intérieur, il y a un immense pendule indiquant les changements d'angle du sol depuis la construction de l'édifice. Dans la chapelle attenante, il est assez rigolo de voir les lustres s'approcher des murs. En effet, comme, quand on est à l'intérieur, on se réfère aux murs pour déterminer la verticale, on a l'impression que les lustres accrochés au plafond pendent en diagonale.
dimanche 11 avril 2010
Les artistes avec qui je suis en résidence
www.catherinebodmer.com/
Pierre Dalpé
http://pierredalpe.com/
Alain Fournier
(plein de documentaires qu'on trouve sur Youtube)
samedi 10 avril 2010
vendredi 9 avril 2010
Un autre atelier mécanique, sur roues celui-là
C'est pas des blagues, c'est vraiment un atelier mécanique. Les outils sont dans le camion, ainsi qu'un espace pour l'usinage ou je ne sais quoi. Les voitures sont réparées dans la rue. Elles sont stationnées devant et derrière l'atelier. Pas cher de loyer!
Le restaurant du coin
jeudi 8 avril 2010
Kiosque à journaux
Je promets une photo pour bientôt!
mercredi 7 avril 2010
Ma rue (bis)
mardi 6 avril 2010
veuillez svp éteindre vos cellulaires
autre anecdote à la mitraillette
Première aventure mexicaine
Arrivée à la Casa del escritor
Première photo où l'on voit l'arbre-lilas en question.
Où l'on voit les pétales des fleurs de l'arbre ainsi qu'une coccinelle. (la période de floraison est presque terminée).
Où l'on voit un détail de la cour intérieur de là où j'habite.